Loin des classiques, la structure en 6 actes
Ou comment une structure fictionnelle peut être utilisée pour de la non-fictione
Introduction
Contrairement aux structures précédentes, celle d’aujourd’hui est assez récente. Apparue ces dernières décennies sous la plume de Michael Neff, cette nouvelle structure recherche ce que beaucoup d’autres structures avant elles ont tenté de faire : combler les creux des autres structures.
À cette fin, il s’est intéressé au rôle du « but » dans une fiction et a déterminé qu’une structure en double but aiderait à combler les creux. Plus précisément, le premier but du personnage principal est établi dès le début du second acte et ne dure que jusqu’au milieu du second acte où il commence à être évident que ce but doit être changé. À partir de là, le protagoniste va devoir découvrir quel nouveau but suivre.
Ce qui distingue particulièrement cette structure des autres est qu’elle a non seulement été pensée pour pouvoir être appliqué à de nombreux genres (mystère, fantasy, etc.), mais également à la non-fiction. En effet, si la non-fiction ne raconte pas « d’histoire » au sens littéraire du terme, il y a bien un storytelling qui sert de structure et de guide à la lecture. S’inspirer des structures narratives a toujours été un procédé utilisé, mais c’est la première structure à être pensé spécifiquement pour cela.
Outre cette particularité, un phénomène intéressant mérite d’être mentionné : même si la structure de Michael Neff est récente, elle possède déjà des variations plus ou moins importantes, notamment, certains auteurs ont poussé plus loin l’intérêt porté au « but » comme fil conducteur en changeant de « but » dans tous les actes (à l’exception du dernier).
1. Structure en 6 actes classique
Voici un exemple type inspiré de la structure en 6 actes telle qu’établie par Michael Neff :
Act 1 : Setup : établir personnage, intrigue principale et secondaires
Acte 2 : Rising Action : premier but, introduire complications, second but
Acte 3 : Milieu : victoire/défaite, change la direction de l’histoire
Acte 4 : Milieu émotionnel : recontextualiser les enjeux émotionnels, diriger l’intrigue vers le climax
Acte 5 : Climax : plus grand moment de tension pour toutes les intrigues
Acte 6 : Résolution : refermer les portes, laisser des indices pour le prochain épisode, volume, etc.
2. Structure en 6 actes, variante à 5 buts
Nous avons évoqué plus haut que d’autres auteurs ont développé une structure en 6 actes où il y a un nouveau but dans chaque acte, à l’exception du dernier. En voici un exemple :
Acte 1 (20%) : situation imparfaite, but initial, opposition oppressive, perturbation, dilemme, nouveau rôle
Acte 2 (20%) : règles de cette nouvelle situation, but transitionnel, opposition qui sert d’élément déclencheur, rappel à la réalité, acceptation de son nouveau rôle
Acte 3 (20%) : Conflit central, mauvais but, opposition intentionnelle, point de non-retour, twist/révélation
Acte 4 (20%) : Plan échoue, avant-dernier but, prota est sa propre opposition, point le plus bas, nouvelle résolution
Acte 5 (15%) : paris risqué, dernier but, ultime opposition, tout semble perdu, dernier effort, échoue/réussi
Acte 6 (5%) : conséquences, nouvelle situation
Conclusion
Cette structure est intéressante, car elle met en avant la flexibilité qu’une structure peut avoir. Cela avait déjà été mentionné dans d’autres articles et je le répète ici : contrairement à ce que certains aimeraient faire croire, une structure, qu’importe le nombre d’actes, n’est pas rigide et il ne faut pas longtemps pour que des variations apparaissent. Cela transmet un message assez important lorsque l’on veut se lancer dans l’écriture : « LA bonne façon d’écrire » n’existe pas ; la structure de l’un ne sera pas la structure de l’autre et c’est à l’écrivain de s’interroger sur le nombre d’actes nécessaires, et la structure qui en découle. Les structures que l’on peut trouver sur Internet ne servent qu’à donner des idées.