Quelle différence ?

 

Adapter, c’est transformer !

Introduction

Lorsque l’on parle d’adaptations, on les catégorise généralement en deux sous-catégories : les adaptations fidèles, qui modifient au minimum l’oeuvre adaptée, et les adaptations libres, qui modifient l’oeuvre originale à plus ou moins grande échelle sans prendre la fidélité en considération.

Si une telle division semble assez simple au premier abord, elle a fini par découler sur un problème de compréhension pour les personnes lambda. En effet, ces dernières années, avec la place de plus en plus importante des réseaux sociaux, on entend et lit de plus en plus de personnes se plaindre de certaines adaptations car elles ne sont pas suffisamment fidèles à l’oeuvre originale. Si une telle critique est pertinente lorsque l’on s’attarde sur une adaptation fidèle, elle perd de son sens dès lors qu’elle est dirigée vers une adaptation libre. Or, généralement, ces critiques parlent d’adaptation comme d’un procédé unique, sans prendre en compte ces deux catégories. Aussi, peut-on considérer qu’utiliser un même nom auquel on ajoute un adjectif différent est une mauvaise stratégie pour différencier ces deux procédés.

Au fil de cet article, nous allons donc distinguer ces deux procédés en proposant le terme « adaptation » pour les adaptations libres et « transposition » pour les adaptations fidèles.

 

1. Adapter, c’est quoi ?

Le verbe adapter est polysémique. Nous ne reviendrons pas sur tous les sens qu’il peut avoir, mais, bien au contraire, nous attarder sur certains d’entre eux : transposer, arranger, réviser, modifier, transformer.

D’emblée, on peut comprendre pourquoi les expressions « adaptation fidèle » et « adaptation libre » ont été choisies : le terme adaptation englobe aussi bien ce qui est transposé, et donc fidèle, que ce qui est modifié, et donc libre. Cependant, de nos jours, dans la critique lambda, il est généralement réduit à son sens de « transposer ».

Si remettre en avant la polysémie du terme est une possibilité éventuelle, afin de garder les deux expressions, il est également possible de créer deux noms. C’est ainsi que m’est venue l’idée d’opposer « adaptation » et « transposition ». L’utilisation de deux mots distincts est à la fois plus claire et moins prompte à mener à la confusion.

Notons que le but de cet article est plus la compréhension de ces concepts qu’un guide pour leur application. C’est d’ailleurs pourquoi cet article possède uniquement l’étiquette concept.

 

 2. Adaptation

L’adaptation est une approche personnelle de l’oeuvre. Les créateurs s’approprient l’oeuvre originale pour produire quelque chose de neuf : un exemple connu est Jurassik Park. De très nombreuses différences existent entre le roman et le film, cristallisant ainsi ces deux oeuvres en oeuvres distinctes. 

Lorsqu’une oeuvre originale est ambiguë sur certains éléments de son intrigue, l’adaptation peut devenir une interprétation personnelle de l’oeuvre originale. Cette adaptation s’offre ainsi comme une nouvelle lecture de l’oeuvre originale.

Une adaptation peut également être nécessaire lorsque l’on veut rendre une oeuvre accessible à un public différent de l’oeuvre originale. Les exemples les plus célèbres sont les films d’animation Disney. En effet, les contes d’origine sont bien plus trash que leurs adaptations modernes. Bien entendu, cela peut se faire également dans le sens inverse, avec, par exemple, Hansel et Gretl : Witch Hunters qui veut rendre le conte d’origine plus mature.

Dans tous les cas, une adaptation n’est pas un produit de « yes-man », terme péjoratif utilisé pour désigner les réalisateurs qui se contentent de remplir les cahiers des charges des producteurs sans désir de personnalisation de l’oeuvre.

 

3. Transposition

À l’inverse, transposer est plus simple. Le but est de restituer l’oeuvre d’origine le plus efficacement possible sous une autre forme, généralement en changeant de médium.

La forme la plus pure de la transposition peut, néanmoins, apporter des problèmes. De fait, le contenu peut-il ne pas être aussi efficace dans certains formats. En effet, chaque format ou médium ont leurs propres codes et transposer des codes ne fonctionne pas toujours. Par exemple, l’anime Kyoukai no Rinne s’attache trop à reproduire case par case le manga d’origine. Ainsi, la série animée en devient non seulement statique, avec des transitions qui ne fonctionnent pas en animation, mais l’humour en patit également puisque bon nombre de gags reposent sur les codes de la bande dessinée japonaise. Aussi, ce genre de transposition est à éviter.

On peut également estimer que certaines oeuvres ne sont tout simplement pas faites pour être transposées, car bien trop ancrée dans les codes propres à son format ou médium. Dans ces cas-là, une adaptation devient obligatoire.

Bien entendu, cela signifie aussi que les oeuvres très peu ancrées dans leur propre médium sont les plus faciles à transposer.

Au final, on peut estimer que pour obtenir une transposition efficace, il est souvent obligatoire d’opérer quelques « retouches ». 

Ces retouches peuvent, par exemple, concerner la transposition de codes d’un format ou médium à un autre. C’est la direction que la série animée L’Attaque des Titans a choisie. On ne cherche pas à retranscrire exactement case par case le manga d’origine, mais de restituer l’essence de certains codes employés dans la bande dessinée en les transformant en codes cinématographiques.

Malgré la nécessité de la transformation, c’est bien la volonté de transposer au mieux l’oeuvre originale qui est mise en avant. Raison pour laquelle, j’ai placé ce procédé ici.

Conclusion 

En soi, il n’y a pas de hiérarchie entre ces deux approches. Adaptation et transposition possèdent leurs propres grilles d’analyse et ont leurs propres valeurs. En tant que « récepteurs » de ces oeuvres, il est plus important pour nous d’appréhender dans quelle catégorie l’oeuvre se place et de l’évaluer en conséquence, plutôt que de la critiquer pour ce qu’elle n’a jamais eu l’intention d’être.

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