Les limites de la structure en 3 Actes  

 

Et ses critiques ! I’m here

Introduction

Si les deux précédents articles ont pris parti de présenter deux structures peu connues afin d’encourager leur utilisation, cet article-ci va aller à contrecourant de cette tendance. Ne vous méprenez pas, je n’ai personnellement rien contre la structure en 3 actes. Cependant, il existe tellement d’articles et de vidéos présentant cette dernière, que je ne voyais pas l’intérêt de faire de même. À l’inverse, les articles qui s’attardent sur les problèmes de cette structure sont plus rares, aussi, j’ai décidé d’apporter ma pierre à l’édifice.

Structure avant tout cinématographique, il est peu surprenant à notre époque, avec l’omniprésence du cinéma, qu’elle soit devenue un « standard » d’écriture. Et pour beaucoup, c’est même le seul type de structure qui existe. Vous en avez sans doute entendu parler avec la version extrêmement simplifiée du « début », « milieu », « fin ». Or, nous avons déjà vu avec les structures en 1 et 2 actes que cette division peut se faire sans avoir 3 actes. Si cette perception est donc faussée, il est malgré tout facile de comprendre, a priori, que chaque acte se focalise sur l’une de ces trois parties. Mais alors, quels problèmes peut-on avoir avec cette structure ?

1. Limites & Critiques

Je l’ai déjà évoqué, mais cette structure est avant tout pensée pour le cinéma. Ainsi, si vous souhaitez écrire un script, elle peut être utile, toutefois, dès que l’on sort de ce canevas, elle n’a plus lieu d’être comme standard. Théâtre, séries, bande dessinées, romans, ces derniers ont bien plus de libertés quant au choix de leur structure. Et même pour les films, il peut être intéressant de sortir de ce canevas. En effet, cette formule a été tellement utilisée au cinéma ces dernières décennies qu’elle en est devenue prévisible et automatique. On se contente de cocher des cases plutôt que de développer le récit au mieux.

Et cela est en soi un problème. Une structure, qu’importe en combien d’actes, d’arcs ou de points est une aide à l’élaboration d’un récit. Elle sert de guide, mais n’est en aucun cas un maître. Si pour vos premières créations « cocher des cases » peut être utile comme entraînement, il faut savoir apprendre à s’en détacher et penser en premier à ce qui est le mieux pour votre histoire et vos personnages pour ne pas tomber dans le vice de l’amateurisme ou du produit scolaire/académique.

D’autant plus que cet « automatisme » peut mener à une distanciation et un manque d’émotion dans votre écriture, qui risque de donner un goût fade ou commercial (à comprendre, sans intérêt autre que les revenus) à votre création. Aussi, il ne faut surtout pas éviter de tordre le cou à certaines cases si cela s’avère nécessaire pour votre récit.

Enfin, si la structure en 1 acte permet de se concentrer sur une problématique précise et que la structure en 2 actes permet de se concentrer sur un contraste, la structure en 3 actes permet de mettre l’emphase sur votre histoire. Vous avez peut-être entendu parler de ces expressions : soit on se retrouve dans un récit où le « personnage subit l’action », soit dans un récit où le « personnage produit l’action ». Contrairement aux idées reçues, aucun de ces deux choix n’est mauvais en soi et l’un ou l’autre doit être choisi en fonction du type de récit que l’on souhaite écrire. Néanmoins, vous aurez sans doute subodoré le problème : la plupart des films d’aujourd’hui se veulent être « des récits où le personnage produit l’action » tout en utilisant une structure qui favorise « des récits où le personnage subit l’action ». Ce problème vient là aussi de son attachement au cinéma. En effet, d’un point de vue historique, il a d’abord été un nid où le « personnage subit l’action ». Or, malgré ce renversement au cours de ces dernières décennies, le cinéma n’a pas adapté sa structure en conséquence et, pire encore, a d’autant plus cadenassé la structure en 3 actes comme LA structure à privilégier. Ceux qui suivent ou ont suivi des cours de cinéma vont généralement apprendre à perfectionner cette structure au détriment des autres. Et, par conséquent, finir dans le cercle vicieux où la structure en 3 actes est de plus en plus verrouillée comme structure standard et aussi, comme on commence à le voir, peu à peu dans les autres médiums.

2. La structure

Malgré ce que j’ai écrit jusqu’ici, je vais rapidement vous donner quelques variations de la structure en 3 actes au cas où vous voudriez l’utiliser.

La plus basique est celle-ci :

Acte 1 : situation initiale, élément déclencheur, accepte la quête

Acte 2 : tension monte à travers des points de conflit jusqu’au conflit final

Acte 3 : chute de tension, retour à une situation d’équilibre et fin

Ce côté basique permet à la fois une grande liberté, mais aussi une certaine confusion pour les débutants.

 

Si vous souhaitez une structure un peu plus élaborée, la structure en 3 actes la plus commune est celle-ci :

Acte 1 : situation initiale, élément déclencheur, hésitation, premier point de conflit

Acte 2 : 2 obstacles, twist (arrive au milieu du récit), 2 obstacles, crise, deuxième point de conflit

Acte 3 : 1 à 2 obstacles, conclusion des (sous-)intrigues et fin

 

Enfin, s’il est vraiment nécessaire de vous prendre par la main, chapitre par chapitre, voici la dernière structure que je vais vous proposer dans cet article :

Acte 1 : chapitre 1 (introduction), chapitre 2 (élément déclencheur), chapitre 3 (réaction immédiate), chapitre 4 (réaction après coup), chapitre 5 (premier conflit), chapitre 6 (conséquence), chapitre 7 (pression), chapitre 8 (cul-de-sac), chapitre 9 (acceptation de la quête)

Acte 2 : chapitre 10 (nouveau monde), chapitre 11 (s’amuser), chapitre 12 (contraste avec l’ancien monde), chapitre 13 (ébauche d’un nouveau conflit), chapitre 14 (deuxième conflit), chapitre 15 (réaction immédiate), chapitre 16 (réaction après coup), chapitre 17 (action), chapitre 18 (résolution vis-à-vis du deuxième conflit)

Acte 3 : chapitre 19 (épreuves), chapitre 20 (cul-de-sac), chapitre 21 (plus d’espoir), chapitre 22 (espoir retrouvé), chapitre 23 (action), chapitre 24 (convergence des intrigues), chapitre 25 (bataille), chapitre 26 (conflit final), chapitre 27 (résolution de toutes les intrigues et fin du récit)

 

N’hésitez pas à changer le nombre d’obstacles ou le nombre d’éléments déclencheurs ! Ou à allonger ou raccourcir certains points selon vos besoins !

 

Conclusion 

Au final, malgré la pratique courante de ce type de structure, je vous déconseille de choisir cette structure si votre récit met l’emphase sur votre personnage.

Mais, ironiquement, si vous voulez écrire un scénario, vous serez sans doute obligé d’utiliser cette structure pour diminuer les risques d’être rejetés par les producteurs bien ancrés dans la mentalité de la structure en 3 actes. Ou en 5 actes, comme nous le verrons dans un mois.

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